Et maintenant, quoi ?
Un long blog aujourd'hui, mais l'actualité est historique, et pour moi, l'erreur aussi est historique.
Donc, disais-je, et maintenant, après ce vote de défiance, quoi ensuite ?
Bien malin celui qui peut dire comment les choses vont évoluer. Néanmoins, je suis à peu près certains que le scénario "renégociation" d'une nouvelle constitution est lui une chimère, un mirage auquel ne croient même pas les démagogues cyniques et limite populistes de la gauche socialiste façon Emmanuelli et Fabius.
Ces deux-là de toute manière n'ont pas poussé les électeurs au Non pour des convictions Européennes sociales (la presse anglo-saxonne ce matin est contente que la France ait rejeté une constitution jugée chez eux trop sociale et pas assez libérale, n'est-ce pas là la preuve que ce texte était un vrai compromis ?), car hier soir j'ai bien entendu de mes oreilles Emmanuelli appeler sur France 2 à un système de primaires à l'américaine pour les socialistes pour sortir du carcan des appareils politiques, révélant par là-même ses véritables objectifs : la présidentielle de dans 2 ans, comme diraient les Guignols.
Le vote il y a quelques mois des militants socialistes pour le Oui n'a pas eu de valeur à ses yeux, mais le vote militant en aurait si il lui permettait de se positionner dans une primaire présidentielle. Emmanuelli invente la démocratie à géométrie variable. Fabius pense de même, mais en véritable renard politique et cynique, il prend soin de se taire pour le moment. Emmanuelli est un populiste peu ragoûtant, et Fabius un ambitieux sans scrupule. Soit. Ces deux lascars auront au moins réussi à faire exploser d'avance un parti politique qui tentera plus ou moins de sauver la face et les meubles, mais la fracture est profonde, et le ressentiment ne s'évaporera pas comme par miracle. Tout un chacun cherchera à faire payer l'addition à l'autre. Consternant.
Côté électeurs, que dire, sinon que tout le monde est cocu, et que encore une fois les Français se sont trompé d'élection. Je m'adresse ici particulièrement aux forces dites de progrès (pas celles qui rejettent l'Europe par principe). Voyons voir :
Soit il y a vote contre Chirac et le gouvernement, auquel cas je n'ai qu'une seule chose à leur dire : fallait voter Jospin au premier tour des présidentielles. Vous avez Chirac, c'est pour votre pomme. Chirac vous a menti ? Allons donc. Cela fait plus de 20 ans que l'on sait que Chirac dit une chose par pure démagogie et fait toujours son contraire. Comme si Chirac, homme foncièrement de droite, pouvait devenir le meilleur allié des laissés pour compte. Mais si vous n'êtes pas content de Chirac, c'est aux prochaines présidentielles que vous devez le faire savoir. Vous pourrez faire toutes les élections locales, régionales et européennes que vous voulez, en votant ras-le-bol Chirac, que vous n'y changerez rien. Il s'abritera toujours derrière la constitution française, et vous resterez comme des cons. Vous n'aurez plus Raffarin, vous aurez Villepin. La bonne affaire, si vous êtes au chomage.
Ou alors il y a vote contre une certaine perception de ce que serait l'Europe avec la constitution qui nous était proposée. Et là encore, on nage dans le n'importe quoi. Pendant toute cette campagne, dans toutes les discussions que j'ai eu avec des gens pour le Non, jamais je n'ai entendu un argument véritablement solide, étayé par des preuves, pour me dire que cette constitution était une régression par rapport à la situation actuelle. Par contre j'ai entendu le tout et le n'importe quoi, de la fin du droit à l'avortement jusqu'au plombier polonais à 5 balles de l'heure, histoire devenue la (mauvaise) blague à la mode. On sert aux Polonais ce qu'on servait aux Portugais et aux Norafs' venus mettre les doigts dans le ciment ou les poubelles, quand les français ne voulaient plus le faire. Et bien je me dis : j'espère bien qu'il y aura des plombiers polonais, parce que de toute façon, si vous cherchez un plombier français aujourd'hui, vaut mieux pour vous qu'il n'y ait pas une fuite urgente.
D'autant plus que des fuites, il y en aura de plus en plus, avez les tuyauteries à 5 yens venues de la Chine. Les Chinois, eux, ont bien compris le résultat du vote d'hier : un affaiblissement de l'Europe. Dès ce matin, ils ont renoncé à leurs taxes à l'exportation, pourtant négociées par l'Europe il y a à peine une semaine pour stopper la marée du textile à bas prix. Que l'on ne me dise pas que c'est un hasard. Pas avec les Chinois. Le vote français affaibli durablement l'Europe, et il n'y aura pas de renégociation de la constitution, parce que c'était un vrai compromis acceptable dans l'Europe que nous connaissons.
Les socialistes qui pensent que l'on peut renégocier oublient aussi une chose essentielle : ce n'est pas eux qui sont au pouvoir, ils n'ont aucune représentativité de nature à peser dans le débat. Que le non fasse 55% ou 80% ne change rien au fait que Chirac est président, qu'il ne partage pas les convictions sociales de la gauche du Non, qu'il est le champion historique des gamelles référendaires, que sa crédibilité est nullissime, et que nos voisins européens iront au terme de leur consultation. A part les anglais, qui trouvent la constitution trop sociale, nos partenaires vont ratifier cette constitution (8 l'ont déjà fait). Légalement, cette constitution sera adoptée, et le train de l'Europe se fera sans nous. La France sera, comme l'Angleterre avec l'Euro : un membre batard de l'Europe. Génial.
Le seul gagnant de l'histoire s'appelle Sarkozy. Son discours télévisé hier (limite scandaleux par sa durée, comparé à tous les autres intervenants officiels) était un programme électoral. En résumé : il faut une rupture complète, et je serais l'homme qui sortira la France et les Français de cette impasse. Chirac ridiculisé et vieilli, la gauche éclatée avec le PS en lambeaux, un électorat UMP cohérent avec ses directives partisanes (ils ont voté à 80% en faveur du Oui recommandé par le parti), un leader qui s'est bien gardé de trop se mouiller dans le débat Européen, bref, un boulevard s'ouvre sous ses godillots de Naboléon.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : s'il appelait hier à une rupture avec les "vieilles méthodes", on ne sait toujours rien de ce que cela signifie. Et mon intuition me dit que cet adorateur de l'Amérique moderne, par ailleurs fasciné par la "troisième voie" néo-travaillo-libéralo Blairiste, n'a pas en tête un plan qui fera rugir d'extase l'électeur de gauche qui a dit Non.
Voilà donc ce qu'on gagné les "forces joyeuses" que Mélanchon rabachait hier soir à la télé. Un joli cimetière des espérances humanistes. Encore bravo. Avant, on avait la droite la plus bête du monde. La roue tourne...
Donc, disais-je, et maintenant, après ce vote de défiance, quoi ensuite ?
Bien malin celui qui peut dire comment les choses vont évoluer. Néanmoins, je suis à peu près certains que le scénario "renégociation" d'une nouvelle constitution est lui une chimère, un mirage auquel ne croient même pas les démagogues cyniques et limite populistes de la gauche socialiste façon Emmanuelli et Fabius.
Ces deux-là de toute manière n'ont pas poussé les électeurs au Non pour des convictions Européennes sociales (la presse anglo-saxonne ce matin est contente que la France ait rejeté une constitution jugée chez eux trop sociale et pas assez libérale, n'est-ce pas là la preuve que ce texte était un vrai compromis ?), car hier soir j'ai bien entendu de mes oreilles Emmanuelli appeler sur France 2 à un système de primaires à l'américaine pour les socialistes pour sortir du carcan des appareils politiques, révélant par là-même ses véritables objectifs : la présidentielle de dans 2 ans, comme diraient les Guignols.
Le vote il y a quelques mois des militants socialistes pour le Oui n'a pas eu de valeur à ses yeux, mais le vote militant en aurait si il lui permettait de se positionner dans une primaire présidentielle. Emmanuelli invente la démocratie à géométrie variable. Fabius pense de même, mais en véritable renard politique et cynique, il prend soin de se taire pour le moment. Emmanuelli est un populiste peu ragoûtant, et Fabius un ambitieux sans scrupule. Soit. Ces deux lascars auront au moins réussi à faire exploser d'avance un parti politique qui tentera plus ou moins de sauver la face et les meubles, mais la fracture est profonde, et le ressentiment ne s'évaporera pas comme par miracle. Tout un chacun cherchera à faire payer l'addition à l'autre. Consternant.
Côté électeurs, que dire, sinon que tout le monde est cocu, et que encore une fois les Français se sont trompé d'élection. Je m'adresse ici particulièrement aux forces dites de progrès (pas celles qui rejettent l'Europe par principe). Voyons voir :
Soit il y a vote contre Chirac et le gouvernement, auquel cas je n'ai qu'une seule chose à leur dire : fallait voter Jospin au premier tour des présidentielles. Vous avez Chirac, c'est pour votre pomme. Chirac vous a menti ? Allons donc. Cela fait plus de 20 ans que l'on sait que Chirac dit une chose par pure démagogie et fait toujours son contraire. Comme si Chirac, homme foncièrement de droite, pouvait devenir le meilleur allié des laissés pour compte. Mais si vous n'êtes pas content de Chirac, c'est aux prochaines présidentielles que vous devez le faire savoir. Vous pourrez faire toutes les élections locales, régionales et européennes que vous voulez, en votant ras-le-bol Chirac, que vous n'y changerez rien. Il s'abritera toujours derrière la constitution française, et vous resterez comme des cons. Vous n'aurez plus Raffarin, vous aurez Villepin. La bonne affaire, si vous êtes au chomage.
Ou alors il y a vote contre une certaine perception de ce que serait l'Europe avec la constitution qui nous était proposée. Et là encore, on nage dans le n'importe quoi. Pendant toute cette campagne, dans toutes les discussions que j'ai eu avec des gens pour le Non, jamais je n'ai entendu un argument véritablement solide, étayé par des preuves, pour me dire que cette constitution était une régression par rapport à la situation actuelle. Par contre j'ai entendu le tout et le n'importe quoi, de la fin du droit à l'avortement jusqu'au plombier polonais à 5 balles de l'heure, histoire devenue la (mauvaise) blague à la mode. On sert aux Polonais ce qu'on servait aux Portugais et aux Norafs' venus mettre les doigts dans le ciment ou les poubelles, quand les français ne voulaient plus le faire. Et bien je me dis : j'espère bien qu'il y aura des plombiers polonais, parce que de toute façon, si vous cherchez un plombier français aujourd'hui, vaut mieux pour vous qu'il n'y ait pas une fuite urgente.
D'autant plus que des fuites, il y en aura de plus en plus, avez les tuyauteries à 5 yens venues de la Chine. Les Chinois, eux, ont bien compris le résultat du vote d'hier : un affaiblissement de l'Europe. Dès ce matin, ils ont renoncé à leurs taxes à l'exportation, pourtant négociées par l'Europe il y a à peine une semaine pour stopper la marée du textile à bas prix. Que l'on ne me dise pas que c'est un hasard. Pas avec les Chinois. Le vote français affaibli durablement l'Europe, et il n'y aura pas de renégociation de la constitution, parce que c'était un vrai compromis acceptable dans l'Europe que nous connaissons.
Les socialistes qui pensent que l'on peut renégocier oublient aussi une chose essentielle : ce n'est pas eux qui sont au pouvoir, ils n'ont aucune représentativité de nature à peser dans le débat. Que le non fasse 55% ou 80% ne change rien au fait que Chirac est président, qu'il ne partage pas les convictions sociales de la gauche du Non, qu'il est le champion historique des gamelles référendaires, que sa crédibilité est nullissime, et que nos voisins européens iront au terme de leur consultation. A part les anglais, qui trouvent la constitution trop sociale, nos partenaires vont ratifier cette constitution (8 l'ont déjà fait). Légalement, cette constitution sera adoptée, et le train de l'Europe se fera sans nous. La France sera, comme l'Angleterre avec l'Euro : un membre batard de l'Europe. Génial.
Le seul gagnant de l'histoire s'appelle Sarkozy. Son discours télévisé hier (limite scandaleux par sa durée, comparé à tous les autres intervenants officiels) était un programme électoral. En résumé : il faut une rupture complète, et je serais l'homme qui sortira la France et les Français de cette impasse. Chirac ridiculisé et vieilli, la gauche éclatée avec le PS en lambeaux, un électorat UMP cohérent avec ses directives partisanes (ils ont voté à 80% en faveur du Oui recommandé par le parti), un leader qui s'est bien gardé de trop se mouiller dans le débat Européen, bref, un boulevard s'ouvre sous ses godillots de Naboléon.
Mais qu'on ne s'y trompe pas : s'il appelait hier à une rupture avec les "vieilles méthodes", on ne sait toujours rien de ce que cela signifie. Et mon intuition me dit que cet adorateur de l'Amérique moderne, par ailleurs fasciné par la "troisième voie" néo-travaillo-libéralo Blairiste, n'a pas en tête un plan qui fera rugir d'extase l'électeur de gauche qui a dit Non.
Voilà donc ce qu'on gagné les "forces joyeuses" que Mélanchon rabachait hier soir à la télé. Un joli cimetière des espérances humanistes. Encore bravo. Avant, on avait la droite la plus bête du monde. La roue tourne...
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