Le Rugby
Le Rugby c’est de l’Amour avec de la vaseline autour.
(Définition proposée par un internaute sur le blog de Serge Simon).
Hier, donc, je me suis rendu au Stadium de Toulouse pour Nouvelle-Zélande / Roumanie.
Arrivé là-bas, 1 heure avant le coup d'envoi, crise. Je suis parti de chez moi sans mon billet. Première leçon : j'ai une cervelle de souris, nullissime. Coup de tel à ma chère et tendre, qui prend la voiture et fait 50 km pour me retrouver du côté de Ramonville à une sortie de métro (tous les quartiers aux abords du stade étant inapprochables). Deuxième leçon : j'ai une femme en or, qui m'a maudit de mon inconséquence.
D'une station de métro, je cours, je cours, car il me reste 5 mn pour atteindre le stade avant le Haka néo-zélandais. Je sens mes 25 kg de trop et mon lâche abandon du sport, quand j'étais capable de faire 320 km de vélo dans une journée, et des résultats honorables à l'Ariégeoise ou à la Virenque du Verdon. Troisième leçon : je suis devenu un vrai sportif de télé. J'arrive en soufflant et suant, à 4 pattes, pour trouver ma place porte 2 rang 28 à côté de mon frère qui lui, a vu le Haka, même s'ils étaient de dos par rapport à notre position. J'ai raté 4-5 mn de jeu, le Haka, et le premier essai All Black marqué à la 34ème seconde de jeu (record de la coupe du monde pour le moment). Quatrième leçon : les blacks, ça va vraiment très vite. Les Roumains débordés prennent 85 points dans la musette.
Devant moi, dans les gradins, une colonie d'une quarantaine de néo-zed. Ils sont complètement étonnés de l'ambiance festive d'un stade de rugby français. Les bandas, les olas, tout ça, visiblement, c'est neuf pour eux. Ils sourient, et se prennent au jeu. Fin du match, les équipes font le tour du terrain pour un honneur mérité et largement applaudi. Les blacks arrivent dans mon coin, et là, tout le virage se met à gueuler : allez les bleus ! Soudain, instantanément, une Marseillaise démarre, puissante, et synchrone. Les gorges ont réagi en 2-3 secondes. Les spectateurs blacks sont ahuris, mais ils saisissent le message : défi. Défi rugbystique. Cinquième leçon : le rugby, dans un stade, c'est vraiment unique.
Je retrouve un camarade, Manu, qui était de l'autre côté dans le Stadium. On se donne rdv au "Froggs and Rosbiefs", un pub Irlandais du centre de Toulouse. Le pub est plein de néo-zélandais, de Gallois, et d'autres anglo-saxons de diverses souches cousines et néanmoins antagonistes. Une tablée de français fait un concours alcoolique en chantant et hurlant, pendant que la télé retransmet le match Canada-Australie. Ils sont en train de se mettre minables. Un néo-zed sort une petite trompette et commence à jouer "Alouette, gentille alouette", repris en choeurs non seulement par la tablée française, mais par les néo-zeds du pub. Sixième leçon : Alouette, gentille alouette est un tube au pays des Maoris et du Haka guerrier.
Visiblement, les Australiens ne passionnent pas vraiment l'audience, Manu et moi on s'enquille les bières. Les Australiens gagnent après un début poussif. Mais voilà que le pub se remplit soudain, à l'orée du match suivant : Fidji - Pays de Galles. Une paire de Gallois est maintenant à ma droite. On est dans un pub Irlandais, et comme les fidji enflamment le match et marquent vite 3 essais, on se rend compte que le pub Irlandais est plein "d'hommes des iles du Sud", qui supportent les vaillants Fidjiens. A ma droite, le Gallois hurle "Wales" pour essayer d'exister. Il hurle mais sa voix sent l'angoisse. Fidji domine nettement. Et l'issue du match est implaccable. Victoire surprise et magnifique des Fidjiens. Hurlements de bonheur dans le pub.
Je serre la main au Gallois, bon perdant, et discute avec un néo-zélandais qui se marre quand je lui dis que la France va bouffer les blacks la semaine prochaine. Il me dit, goguenard, "au football oui, pas au rugby". Je lui répond : "rappelle-toi la coupe du monde 1999". Et là, je vois dans ses yeux remonter un vieux cauchemard que tous les blacks préfèrent oublier. Il acquiesce sans rien dire. Un soupçon de doute le taraude maintenant. Manu a la même discussion avec un autre black au pissotières. Même constatation. Le All Black est sûr de lui, favori à 98%, mais il sait une chose : s'il y a une équipe capable de les battre sur un match aussi important, c'est la France. Et ils préfèrent se taper du Bock ou de l'Aussie que ces foutus français capables du pire comme du meilleur, d'un jour à l'autre.
Dernière leçon : j'adore voir du sport dans un pub irlandais ou anglais (j'ai vu les 1/4 et 1/2 français de 98 en Angleterre, dans un pub). Et quand c'est du rugby, c'est même 10 fois plus sympathique. Excellente journée. Je quitte Manu, souriant et content.
PS : je déteste les connotations patriotiques, car le patriotisme, c'est souvent l'excuse des brutes et de la manipulation politique, mais un hymne dans un stade de rugby, c'est beau, parce que les valeurs d'un stade rugby sont belles. J'ai chanté la Marseillaise au Stadium, avec tous les autres, pour défier les Blacks. Avant de boire des bières avec eux. C'est ça, le rugby.
(Définition proposée par un internaute sur le blog de Serge Simon).
Hier, donc, je me suis rendu au Stadium de Toulouse pour Nouvelle-Zélande / Roumanie.
Arrivé là-bas, 1 heure avant le coup d'envoi, crise. Je suis parti de chez moi sans mon billet. Première leçon : j'ai une cervelle de souris, nullissime. Coup de tel à ma chère et tendre, qui prend la voiture et fait 50 km pour me retrouver du côté de Ramonville à une sortie de métro (tous les quartiers aux abords du stade étant inapprochables). Deuxième leçon : j'ai une femme en or, qui m'a maudit de mon inconséquence.
D'une station de métro, je cours, je cours, car il me reste 5 mn pour atteindre le stade avant le Haka néo-zélandais. Je sens mes 25 kg de trop et mon lâche abandon du sport, quand j'étais capable de faire 320 km de vélo dans une journée, et des résultats honorables à l'Ariégeoise ou à la Virenque du Verdon. Troisième leçon : je suis devenu un vrai sportif de télé. J'arrive en soufflant et suant, à 4 pattes, pour trouver ma place porte 2 rang 28 à côté de mon frère qui lui, a vu le Haka, même s'ils étaient de dos par rapport à notre position. J'ai raté 4-5 mn de jeu, le Haka, et le premier essai All Black marqué à la 34ème seconde de jeu (record de la coupe du monde pour le moment). Quatrième leçon : les blacks, ça va vraiment très vite. Les Roumains débordés prennent 85 points dans la musette.
Devant moi, dans les gradins, une colonie d'une quarantaine de néo-zed. Ils sont complètement étonnés de l'ambiance festive d'un stade de rugby français. Les bandas, les olas, tout ça, visiblement, c'est neuf pour eux. Ils sourient, et se prennent au jeu. Fin du match, les équipes font le tour du terrain pour un honneur mérité et largement applaudi. Les blacks arrivent dans mon coin, et là, tout le virage se met à gueuler : allez les bleus ! Soudain, instantanément, une Marseillaise démarre, puissante, et synchrone. Les gorges ont réagi en 2-3 secondes. Les spectateurs blacks sont ahuris, mais ils saisissent le message : défi. Défi rugbystique. Cinquième leçon : le rugby, dans un stade, c'est vraiment unique.
Je retrouve un camarade, Manu, qui était de l'autre côté dans le Stadium. On se donne rdv au "Froggs and Rosbiefs", un pub Irlandais du centre de Toulouse. Le pub est plein de néo-zélandais, de Gallois, et d'autres anglo-saxons de diverses souches cousines et néanmoins antagonistes. Une tablée de français fait un concours alcoolique en chantant et hurlant, pendant que la télé retransmet le match Canada-Australie. Ils sont en train de se mettre minables. Un néo-zed sort une petite trompette et commence à jouer "Alouette, gentille alouette", repris en choeurs non seulement par la tablée française, mais par les néo-zeds du pub. Sixième leçon : Alouette, gentille alouette est un tube au pays des Maoris et du Haka guerrier.
Visiblement, les Australiens ne passionnent pas vraiment l'audience, Manu et moi on s'enquille les bières. Les Australiens gagnent après un début poussif. Mais voilà que le pub se remplit soudain, à l'orée du match suivant : Fidji - Pays de Galles. Une paire de Gallois est maintenant à ma droite. On est dans un pub Irlandais, et comme les fidji enflamment le match et marquent vite 3 essais, on se rend compte que le pub Irlandais est plein "d'hommes des iles du Sud", qui supportent les vaillants Fidjiens. A ma droite, le Gallois hurle "Wales" pour essayer d'exister. Il hurle mais sa voix sent l'angoisse. Fidji domine nettement. Et l'issue du match est implaccable. Victoire surprise et magnifique des Fidjiens. Hurlements de bonheur dans le pub.
Je serre la main au Gallois, bon perdant, et discute avec un néo-zélandais qui se marre quand je lui dis que la France va bouffer les blacks la semaine prochaine. Il me dit, goguenard, "au football oui, pas au rugby". Je lui répond : "rappelle-toi la coupe du monde 1999". Et là, je vois dans ses yeux remonter un vieux cauchemard que tous les blacks préfèrent oublier. Il acquiesce sans rien dire. Un soupçon de doute le taraude maintenant. Manu a la même discussion avec un autre black au pissotières. Même constatation. Le All Black est sûr de lui, favori à 98%, mais il sait une chose : s'il y a une équipe capable de les battre sur un match aussi important, c'est la France. Et ils préfèrent se taper du Bock ou de l'Aussie que ces foutus français capables du pire comme du meilleur, d'un jour à l'autre.
Dernière leçon : j'adore voir du sport dans un pub irlandais ou anglais (j'ai vu les 1/4 et 1/2 français de 98 en Angleterre, dans un pub). Et quand c'est du rugby, c'est même 10 fois plus sympathique. Excellente journée. Je quitte Manu, souriant et content.
PS : je déteste les connotations patriotiques, car le patriotisme, c'est souvent l'excuse des brutes et de la manipulation politique, mais un hymne dans un stade de rugby, c'est beau, parce que les valeurs d'un stade rugby sont belles. J'ai chanté la Marseillaise au Stadium, avec tous les autres, pour défier les Blacks. Avant de boire des bières avec eux. C'est ça, le rugby.
6 Comments:
Oui, oui, Bertrand mais pour moi qui ne comprend pas grand chose aux grands messes sportives, à part leur côté religieux (hymnes, rites, litanies et cantiques, et l'intolérance en prime), que dis-tu des rumeurs de fric et de dopages que l'on évoque à voix très basse dans nos medias ? Le rugby est-il encore relativement épargné malgré les enjeux ?
Your mother
Quelle ferveur populaire.. Populiste ? Mais en ces temps de crise, ça fait du bien, surtout quand c'est bien écrit. Le rugby c'est effectivement dans les stades et/ou dans les pubs qu'il est à vivre (surtout quand on n'a pas le câble ni la TV sur adsl comme moi !). La bise.
Je ne pense pas que le rugby soit à l'abri. La seule chose qui m'étonne, c'est qu'aucun gros calibre n'ait encore été pris (à part un ou deux Australiens il y a quelques années je crois).
Ferveur populaire, oui je suis d'accord. Et le populaire, dans son acception directe et non connotée, c'est bien. Parce que c'est les gens, tout simplement. Moments de bonheur simple, et de rencontre amicale et toujours respectueuse avec l'adversaire.
Populisme, non, très loin de ça. Dans le foot peut-être, du populisme, il y en a parfois dans certaines exploitations pseudos idéologiques. Dans le rugby, il suffit d'aller dans un stade voir ce que sont les spectateurs de rugby pour saisir toute la différence.
Comme ça fait envie, ayant habité près du Parc de Princes, j'avoue que quand l'Ecosse ou l'Irlande étaient là j'aimais me promener sur les boulevards avant le match, mais un jour il faudra que je me lance pour entrer vraiment dans l'arêne.
Jolie plume :)
Je ne connais pas beaucoup de Marie-Claude, juste une, Lyonnaise... ?
Un jour, oui, si tu en as la possibilité, rentre dans l'arène d'un grand match de rugby. Au moins une fois, pour sentir...
La plume Gersoise te salue et te remercie.
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