Burqa-pitulation ou pas ?
Faut-il légiférer sur le port de la burqa sur le territoire de la République française ? La mission parlementaire sur le voile intégral rend son rapport le 26 janvier et il va demander une proposition de résolution prohibant la burqa, selon ce qu’en rapporte aujourd’hui le Président de la commission, le député communiste du Rhône André Gérin.
C’est une question très difficile, à laquelle il convient de réfléchir en profondeur, et j’ai longtemps hésité. Ma conviction est maintenant faite. Je suis pour l’interdiction absolue de la burqa dans les lieux ouverts au public, et voici pourquoi.
J’ai trois arguments principaux. Un argument naturaliste (la communication interpersonnelle), un argument éthique d’inspiration humaniste (l’égalité des hommes et des femmes), et un argument politique, au sens premier du terme : je veux une société laïque qui favorise le développement de l’athéisme pour libérer l’homme de l’asservissement religieux.
A toi, à moi, je te vois, tu me vois.
L’argument naturaliste repose sur les fondements de la communication interpersonnelle. On sait par de très nombreuses études que la communication interpersonnelle ne repose pas uniquement sur le langage parlé, mais implique aussi la reconnaissance de signes faciaux porteurs de sens. Le visage traduit puissamment la personnalité, les sentiments et les pensées, et bien évidemment constitue un marqueur essentiel de l’identité. Masquer ces signes revient à déséquilibrer et amputer profondément le mode de communication interpersonnel et les rapports sociaux. Avec des conséquences innombrables sur la vie en société, conséquences néfastes de mon point de vue.
On parle notamment beaucoup avec ses yeux. L’éthologue britannique Desmond Morris par exemple a le premier montré que si vous présentez à des hommes deux mêmes photos d’une jeune femme très séduisante – apparemment strictement identiques sauf que dans la deuxième photo les yeux de la femme ont été retouchées au crayon pour agrandir artificiellement la pupille des yeux, tous les hommes diront systématiquement qu’ils préfèrent la belle aux pupilles dilatées, sans être capables d’expliquer pourquoi. Le scientifique Boris Cyrulnik a reproduit cette expérience à grande échelle et de manière rigoureuse (avec l’aide de Photoshop), et avec toujours le même résultat. Soyons émus mes frères par les pupilles de la belle !
L’explication de ce phénomène est très simple, comme le rappelle le grand psychiatre Patrick Lemoine (Séduire, comment l’amour vient aux humains, Ed. J’ai Lu). Une femme qui est troublée par un homme – le darwinisme biologique dirait que cette femme manifeste son choix de reproducteur ; cette femme donc a les pupilles qui se dilatent du fait de son émotion, ce que l’on appelle la mydriase. Ce savoir remonte d’ailleurs au moins à la Renaissance. Les Vénitiennes le savaient bien puisqu’elles se mettaient dans les yeux des gouttes d’un collyre dont la vertu pharmacologique était de rendre les pupilles plus vastes, le regard plus profond, et donc qui les rendaient belles aux yeux des hommes. Elles se servaient sans le savoir d’un agent atropinique tiré d’une plante que l’on a appelé… belladone, précisément pour cette raison. La bella dona, belle dame en italien.
Ha, Persée et les yeux des sœurs Gorgones… Il est largement permis de penser que les hommes et les femmes connaissent ce phénomène depuis des temps immémoriaux. Or donc, les mâles musulmans fondamentalistes se sont donnés les moyens de choisir les femelles par la sélection (inconsciente si l’on a pas connaissance explicite de ce phénomène physiologique) de celles qui sont émues et donc potentiellement prêtes à s’accoupler avec eux.
N’est-ce pas formidable ? Si l’on fait une analyse Darwiniste de la question, on s’aperçoit qu’on enlève à la femme musulmane toute capacité à développer consciemment ses atouts de séduction différenciés de manière compétitive (ce qui lui donnerait le pouvoir d’influer directement et consciemment sur la compétition sexuelle et donc d’influer par elle-même sur la sélection des mâles) pour laisser entièrement à l’homme la possibilité de choisir, en fonction de la détection de la disposition à la reproduction trahie par la pupille féminine.
Quand on voit ce qu’est une burqa, on voit que le musulman fondamentaliste a enlevé à la femme toute possibilité d’influence compétitive par le masquage de ce que les entomologistes appellent les caractères sexuels secondaires (seins, fesses et lèvres). Jusqu’à la couleur unie du vêtement qui empêche la différenciation compétitive par les couleurs, si importante dans la compétition sexuelle d’un très grand nombre d’espèces animales et même végétales (pour attirer les insectes pollinisateurs par exemple). Pour en savoir plus sur ces questions de séduction humaine, je vous recommande Desmond Morris, La Clé des gestes, Paris, Grasset, 1978.
Je rappelle que l’on était assez proche de cette émasculation féminine quand le christianisme régissait le monde occidental d’une main de fer, et avant ça, dans le monde judaïque. C’est une constante des sociétés régies par le monothéisme misogyne, ce qui est le cas de tous les monothéismes connus d’ailleurs, excusez le pléonasme.
Moitié de l’homme ?
Ce qui m’amène à mon deuxième argument, l’argument éthique d’inspiration humaniste. Je parle bien évidemment de la place de la femme dans l’humanité. Je suis un adversaire convaincu et agressif de toute forme de domination de l’homme par l’homme, et donc bien évidemment de la domination de la femme par l’homme, qui en est une forme extrêmement répandue depuis que les mâles ont imposé leur domination physique aux femmes, lorsque l’humanité s’est sédentarisée et structurée dans des formes d’organisation sociales de plus en plus importantes et complexes. Les formes archaïques de religions monothéistes ont simplement accentué ce phénomène déjà bien engagé. Les Grecs étaient déjà extrêmement misogynes, et ils n’étaient pas les seuls. Les Chinois anciens aussi. Seules les sociétés naturelles atomisées et sans histoire cumulative ont préservé longtemps des formes appréciables d’égalité des sexes, par exemple dans de nombreuses tribus indiennes d’Amazonie. A noter d’ailleurs que dans la plupart de ces microsociétés Amazoniennes, les tabous sexuels n’existent pas, ni la jalousie, ni la monogamie.
Si l’on revient à la forme la plus archaïque des religions monothéistes, le judaïsme, il suffit de plonger dans l’ancien testament pour en découvrir l’incroyable violence et prégnance de la misogynie. Le Dieu des juifs est le plus violent et le plus sexiste qu’on ait jamais inventé. A l’origine un culte tribal d’un unique dieu atrocement déplaisant, obsédé jusqu’au morbide par les interdits sexuels. Dans l’ordre de la quantité absolument négligeable des femmes, je recommande la lecture particulièrement salace de la Genèse, 19 (Lot, neveu d’Abraham choisi par Noé pour être sauvé car lui seul était droit, et livrant ses filles vierges aux hommes de Sodome plutôt que de leur livrer les deux anges venus le prévenir de l’arrivée du déluge), ou le chapitre 19 du Livre des Juges : un vieillard refuse de livrer un Lévite aux hommes de la ville de Givéa qui voulaient le sodomiser, et leur propose de lui-même sa fille vierge et la concubine du prêtre en leur disant : « humiliez-les et faites ce que bon vous semblera, mais envers ce prêtre vous ne commettrez pas une infamie de cette sorte ». Le lévite livra de lui-même sa concubine à la populace et les hommes la violèrent en bande toute la nuit. Au matin, il la trouve prostrée sur le seuil et lui ordonne : « Lève-toi et partons ». Mais elle était morte. Alors, il « prit un couteau et, saisissant sa concubine, la découpa, membre après membre, en douze morceaux qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël ». Livre des Juges, 19 :29. Grande classe, n’est-ce pas ?
Abraham, oncle de Lot et père fondateur des trois grandes religions monothéistes avait de toute façon montré l’exemple. Quand il se rendit en Egypte avec sa femme Sarah pour échapper à une famine, il se rendit compte qu’une femme aussi belle serait désirable pour les Egyptiens et donc que, étant son mari, cela pourrait mettre en danger sa propre vie. Il décida donc de la faire passer pour sa sœur. A ce titre, elle fut prise dans le harem de Pharaon, ce qui lui valut les plus grandes faveurs de ce dernier. Dieu désapprouva cet arrangement confortable, non pas en punissant Abraham, mais en envoyant des fléaux sur Pharaon et sa maison ! (Genèse, 12 : 18-19). Le couple Abraham-Sarah monta le même coup tordu un peu plus tard, avec Abimélek, le roi de Gérar, incité par Abraham à épouser Sarah après qu’il lui eut fait croire qu’elle était sa sœur (Genèse, 20 : 2-5).
En résumé, les hommes sont des proxénètes, les femmes des putes, et tout cela est normal aux yeux de Dieu. Je pourrais continuer indéfiniment à illustrer la place réservées aux femmes par les religions monothéistes, et si cela c’est calmé en Europe chrétienne parce que l’on a fini par couper quelles têtes de prêtres à la Révolution Française (et donc désacralisé le divin… sans être brûlé sur place aux yeux de tous par l’éclair divin), il se trouve que l’islam est une religion plus récente, moins mature à l’échelle de l’histoire, et que personne n’a encore coupé de tête à quelques imams. Interdire la burqa, c’est empêcher que se répande impunément la dégradation de la femme au seul rang de réceptacle à sperme. Je ne veux pas qu’en France on soit complice de ça.
Politique dans la cité.
Naturellement, tout ce que je viens d’écrire a un prolongement politique évident. Quand une éthique, ou posture philosophique, est au cœur d’une certaine vision de l’homme et de la société des hommes, il convient de regarder quels sont les moyens politiques d’agir pour développer cette vision du monde des hommes. Je finirai donc par un exposé de pragmatisme politique.
S’opposer aux extrémismes de l’islam, c’est donner une chance à un islam modéré d’exister dans notre société. Je suis athée et je considère que la religion est un cancer de l’humanité. Comme le démontre le célèbre biologiste athée Richard Dawkins (auteur du tout aussi célèbre « Le gène égoïste ») dans son livre « Pour en finir avec Dieu », dans une société institutionnellement laïque, économiquement prospère et solidaire – c’est à dire où la richesse est le plus équitablement répartie et la pauvreté contenue, le nombre de croyants est directement lié à l’éducation parentale et à la force coercitive des mouvements religieux. Le « relâchement » d’une religion, autre manière de dire « modération », dû à la marginalisation de ses attributs coercitifs et du pouvoir de ses institutions séculaires, entraine un relâchement de la pression éducative dans la famille. Ce constat n’est bien sûr pas valable dans les pays sous-développés ou en voie de développement.
Or, comme la croyance en Dieu est essentiellement forgée par l’endoctrinement des enfants dès le très jeune âge, un relâchement éducatif dans le cercle familial entraine la disparition progressive de la religion, aussi sûrement que des cellules saines se reproduisent mathématiquement au détriment de cellules malades. C’est ce qui est arrivé au christianisme en Europe de l’ouest et qui dans quelques décades devrait, selon moi, aboutir à la disparition du christianisme en France, le phénomène s’accélérant brutalement lorsque qu’une majorité critique de parents athées sera atteinte. Ce qui n’est pas encore le cas, et à condition bien sûr que les équilibres démographiques soient maintenus (nombre d’enfants par famille) et que le terreau de croissance de la religion (la pauvreté et l’exploitation par les riches et les puissants notamment) ne se développe pas.
En résumé, je suis d’accord avec tous les responsables religieux sur ce point : plus la religion peut manifester sa présence publiquement et de manière psychologiquement ou physiquement coercitive, et plus elle développe un ostracisme paralysant qui facilite sa diffusion par la peur et l’endoctrinement. Une technique élevée au rang d’art machiavélique par deux mille ans de Christianisme. Et avec plus d’efficacité démographique que le judaïsme, puisque celui-ci se réserve à un peuple Elu, dans les limites contrôlées du mariage obligatoire d’une femme juive avec un homme juif. Je rappelle que les rabbins aux Etats-Unis qui acceptent de célébrer de marier une juive avec un goy sont extrêmement courtisés, parce que extrêmement rares. Ca limite nécessairement le développement du judaïsme.
L’islam quant à lui ne s’embarrasse pas avec ça, et comme il est particulièrement coercitif et obscurantiste, et que le monde occidental a tout fait pour qu’il se développe en exploitant outrageusement la pauvreté dans le monde, il galope. Et il est violent, particulièrement envers la liberté d’expression des athées.
Une petite anecdote à ce propos, avant d’en finir avec cette longue plaidoirie. Lorsque j’ai dû obtenir un visa il y a cinq ans pour effectuer une mission de conseil en Arabie Saoudite, j’ai dû remplir un questionnaire avec mention obligatoire de ma religion, via des cases à cocher. Aucune case à cocher pour agnostique ou athéiste. Ces concepts n’existent pas pour l’Etat Wahhabite. Un incroyant chrétien (ce que sont tous les non musulmans aux yeux des musulmans fondamentalistes), ça existe, mais il est impossible d’être incroyant tout court. Après demande d’exemption auprès du Consulat d’Arabie Saoudite, je n’ai pas eu d’autre choix que de cocher Chrétien, sinon on me refusait mon visa. Richard Dawkins, dans « Pour en finir avec Dieu », que je recommande fortement (collection tempus, Ed. Perrin, merci à mon frère Vincent de m’avoir offert ce livre pour Noël), rappelle utilement avec force exemples que dans l’Amérique d’aujourd’hui, il vaut encore mieux être noir ou homosexuel que athée.
En conclusion, si je veux que la France reste un pays laïque et si je pense que cette laïcité qui favorise le développement de l’athéisme est bonne pour mes semblables, à partir du moment où je considère que la religion, et surtout la religion monothéiste, est bien davantage une source de malheur que de bien pour l’homme, je suis pour toutes les lois qui bannissent toutes les formes de manifestation de la puissance coercitive religieuse. Pas d’angélisme œcuménique pour moi, et je n’en suis pas désolé.
Donc, pas de burqa-pitulation pour moi.
PS : en complément, cette tribune de Elisabeth Badinter.
C’est une question très difficile, à laquelle il convient de réfléchir en profondeur, et j’ai longtemps hésité. Ma conviction est maintenant faite. Je suis pour l’interdiction absolue de la burqa dans les lieux ouverts au public, et voici pourquoi.
J’ai trois arguments principaux. Un argument naturaliste (la communication interpersonnelle), un argument éthique d’inspiration humaniste (l’égalité des hommes et des femmes), et un argument politique, au sens premier du terme : je veux une société laïque qui favorise le développement de l’athéisme pour libérer l’homme de l’asservissement religieux.
A toi, à moi, je te vois, tu me vois.
L’argument naturaliste repose sur les fondements de la communication interpersonnelle. On sait par de très nombreuses études que la communication interpersonnelle ne repose pas uniquement sur le langage parlé, mais implique aussi la reconnaissance de signes faciaux porteurs de sens. Le visage traduit puissamment la personnalité, les sentiments et les pensées, et bien évidemment constitue un marqueur essentiel de l’identité. Masquer ces signes revient à déséquilibrer et amputer profondément le mode de communication interpersonnel et les rapports sociaux. Avec des conséquences innombrables sur la vie en société, conséquences néfastes de mon point de vue.
On parle notamment beaucoup avec ses yeux. L’éthologue britannique Desmond Morris par exemple a le premier montré que si vous présentez à des hommes deux mêmes photos d’une jeune femme très séduisante – apparemment strictement identiques sauf que dans la deuxième photo les yeux de la femme ont été retouchées au crayon pour agrandir artificiellement la pupille des yeux, tous les hommes diront systématiquement qu’ils préfèrent la belle aux pupilles dilatées, sans être capables d’expliquer pourquoi. Le scientifique Boris Cyrulnik a reproduit cette expérience à grande échelle et de manière rigoureuse (avec l’aide de Photoshop), et avec toujours le même résultat. Soyons émus mes frères par les pupilles de la belle !
L’explication de ce phénomène est très simple, comme le rappelle le grand psychiatre Patrick Lemoine (Séduire, comment l’amour vient aux humains, Ed. J’ai Lu). Une femme qui est troublée par un homme – le darwinisme biologique dirait que cette femme manifeste son choix de reproducteur ; cette femme donc a les pupilles qui se dilatent du fait de son émotion, ce que l’on appelle la mydriase. Ce savoir remonte d’ailleurs au moins à la Renaissance. Les Vénitiennes le savaient bien puisqu’elles se mettaient dans les yeux des gouttes d’un collyre dont la vertu pharmacologique était de rendre les pupilles plus vastes, le regard plus profond, et donc qui les rendaient belles aux yeux des hommes. Elles se servaient sans le savoir d’un agent atropinique tiré d’une plante que l’on a appelé… belladone, précisément pour cette raison. La bella dona, belle dame en italien.
Ha, Persée et les yeux des sœurs Gorgones… Il est largement permis de penser que les hommes et les femmes connaissent ce phénomène depuis des temps immémoriaux. Or donc, les mâles musulmans fondamentalistes se sont donnés les moyens de choisir les femelles par la sélection (inconsciente si l’on a pas connaissance explicite de ce phénomène physiologique) de celles qui sont émues et donc potentiellement prêtes à s’accoupler avec eux.
N’est-ce pas formidable ? Si l’on fait une analyse Darwiniste de la question, on s’aperçoit qu’on enlève à la femme musulmane toute capacité à développer consciemment ses atouts de séduction différenciés de manière compétitive (ce qui lui donnerait le pouvoir d’influer directement et consciemment sur la compétition sexuelle et donc d’influer par elle-même sur la sélection des mâles) pour laisser entièrement à l’homme la possibilité de choisir, en fonction de la détection de la disposition à la reproduction trahie par la pupille féminine.
Quand on voit ce qu’est une burqa, on voit que le musulman fondamentaliste a enlevé à la femme toute possibilité d’influence compétitive par le masquage de ce que les entomologistes appellent les caractères sexuels secondaires (seins, fesses et lèvres). Jusqu’à la couleur unie du vêtement qui empêche la différenciation compétitive par les couleurs, si importante dans la compétition sexuelle d’un très grand nombre d’espèces animales et même végétales (pour attirer les insectes pollinisateurs par exemple). Pour en savoir plus sur ces questions de séduction humaine, je vous recommande Desmond Morris, La Clé des gestes, Paris, Grasset, 1978.
Je rappelle que l’on était assez proche de cette émasculation féminine quand le christianisme régissait le monde occidental d’une main de fer, et avant ça, dans le monde judaïque. C’est une constante des sociétés régies par le monothéisme misogyne, ce qui est le cas de tous les monothéismes connus d’ailleurs, excusez le pléonasme.
Moitié de l’homme ?
Ce qui m’amène à mon deuxième argument, l’argument éthique d’inspiration humaniste. Je parle bien évidemment de la place de la femme dans l’humanité. Je suis un adversaire convaincu et agressif de toute forme de domination de l’homme par l’homme, et donc bien évidemment de la domination de la femme par l’homme, qui en est une forme extrêmement répandue depuis que les mâles ont imposé leur domination physique aux femmes, lorsque l’humanité s’est sédentarisée et structurée dans des formes d’organisation sociales de plus en plus importantes et complexes. Les formes archaïques de religions monothéistes ont simplement accentué ce phénomène déjà bien engagé. Les Grecs étaient déjà extrêmement misogynes, et ils n’étaient pas les seuls. Les Chinois anciens aussi. Seules les sociétés naturelles atomisées et sans histoire cumulative ont préservé longtemps des formes appréciables d’égalité des sexes, par exemple dans de nombreuses tribus indiennes d’Amazonie. A noter d’ailleurs que dans la plupart de ces microsociétés Amazoniennes, les tabous sexuels n’existent pas, ni la jalousie, ni la monogamie.
Si l’on revient à la forme la plus archaïque des religions monothéistes, le judaïsme, il suffit de plonger dans l’ancien testament pour en découvrir l’incroyable violence et prégnance de la misogynie. Le Dieu des juifs est le plus violent et le plus sexiste qu’on ait jamais inventé. A l’origine un culte tribal d’un unique dieu atrocement déplaisant, obsédé jusqu’au morbide par les interdits sexuels. Dans l’ordre de la quantité absolument négligeable des femmes, je recommande la lecture particulièrement salace de la Genèse, 19 (Lot, neveu d’Abraham choisi par Noé pour être sauvé car lui seul était droit, et livrant ses filles vierges aux hommes de Sodome plutôt que de leur livrer les deux anges venus le prévenir de l’arrivée du déluge), ou le chapitre 19 du Livre des Juges : un vieillard refuse de livrer un Lévite aux hommes de la ville de Givéa qui voulaient le sodomiser, et leur propose de lui-même sa fille vierge et la concubine du prêtre en leur disant : « humiliez-les et faites ce que bon vous semblera, mais envers ce prêtre vous ne commettrez pas une infamie de cette sorte ». Le lévite livra de lui-même sa concubine à la populace et les hommes la violèrent en bande toute la nuit. Au matin, il la trouve prostrée sur le seuil et lui ordonne : « Lève-toi et partons ». Mais elle était morte. Alors, il « prit un couteau et, saisissant sa concubine, la découpa, membre après membre, en douze morceaux qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël ». Livre des Juges, 19 :29. Grande classe, n’est-ce pas ?
Abraham, oncle de Lot et père fondateur des trois grandes religions monothéistes avait de toute façon montré l’exemple. Quand il se rendit en Egypte avec sa femme Sarah pour échapper à une famine, il se rendit compte qu’une femme aussi belle serait désirable pour les Egyptiens et donc que, étant son mari, cela pourrait mettre en danger sa propre vie. Il décida donc de la faire passer pour sa sœur. A ce titre, elle fut prise dans le harem de Pharaon, ce qui lui valut les plus grandes faveurs de ce dernier. Dieu désapprouva cet arrangement confortable, non pas en punissant Abraham, mais en envoyant des fléaux sur Pharaon et sa maison ! (Genèse, 12 : 18-19). Le couple Abraham-Sarah monta le même coup tordu un peu plus tard, avec Abimélek, le roi de Gérar, incité par Abraham à épouser Sarah après qu’il lui eut fait croire qu’elle était sa sœur (Genèse, 20 : 2-5).
En résumé, les hommes sont des proxénètes, les femmes des putes, et tout cela est normal aux yeux de Dieu. Je pourrais continuer indéfiniment à illustrer la place réservées aux femmes par les religions monothéistes, et si cela c’est calmé en Europe chrétienne parce que l’on a fini par couper quelles têtes de prêtres à la Révolution Française (et donc désacralisé le divin… sans être brûlé sur place aux yeux de tous par l’éclair divin), il se trouve que l’islam est une religion plus récente, moins mature à l’échelle de l’histoire, et que personne n’a encore coupé de tête à quelques imams. Interdire la burqa, c’est empêcher que se répande impunément la dégradation de la femme au seul rang de réceptacle à sperme. Je ne veux pas qu’en France on soit complice de ça.
Politique dans la cité.
Naturellement, tout ce que je viens d’écrire a un prolongement politique évident. Quand une éthique, ou posture philosophique, est au cœur d’une certaine vision de l’homme et de la société des hommes, il convient de regarder quels sont les moyens politiques d’agir pour développer cette vision du monde des hommes. Je finirai donc par un exposé de pragmatisme politique.
S’opposer aux extrémismes de l’islam, c’est donner une chance à un islam modéré d’exister dans notre société. Je suis athée et je considère que la religion est un cancer de l’humanité. Comme le démontre le célèbre biologiste athée Richard Dawkins (auteur du tout aussi célèbre « Le gène égoïste ») dans son livre « Pour en finir avec Dieu », dans une société institutionnellement laïque, économiquement prospère et solidaire – c’est à dire où la richesse est le plus équitablement répartie et la pauvreté contenue, le nombre de croyants est directement lié à l’éducation parentale et à la force coercitive des mouvements religieux. Le « relâchement » d’une religion, autre manière de dire « modération », dû à la marginalisation de ses attributs coercitifs et du pouvoir de ses institutions séculaires, entraine un relâchement de la pression éducative dans la famille. Ce constat n’est bien sûr pas valable dans les pays sous-développés ou en voie de développement.
Or, comme la croyance en Dieu est essentiellement forgée par l’endoctrinement des enfants dès le très jeune âge, un relâchement éducatif dans le cercle familial entraine la disparition progressive de la religion, aussi sûrement que des cellules saines se reproduisent mathématiquement au détriment de cellules malades. C’est ce qui est arrivé au christianisme en Europe de l’ouest et qui dans quelques décades devrait, selon moi, aboutir à la disparition du christianisme en France, le phénomène s’accélérant brutalement lorsque qu’une majorité critique de parents athées sera atteinte. Ce qui n’est pas encore le cas, et à condition bien sûr que les équilibres démographiques soient maintenus (nombre d’enfants par famille) et que le terreau de croissance de la religion (la pauvreté et l’exploitation par les riches et les puissants notamment) ne se développe pas.
En résumé, je suis d’accord avec tous les responsables religieux sur ce point : plus la religion peut manifester sa présence publiquement et de manière psychologiquement ou physiquement coercitive, et plus elle développe un ostracisme paralysant qui facilite sa diffusion par la peur et l’endoctrinement. Une technique élevée au rang d’art machiavélique par deux mille ans de Christianisme. Et avec plus d’efficacité démographique que le judaïsme, puisque celui-ci se réserve à un peuple Elu, dans les limites contrôlées du mariage obligatoire d’une femme juive avec un homme juif. Je rappelle que les rabbins aux Etats-Unis qui acceptent de célébrer de marier une juive avec un goy sont extrêmement courtisés, parce que extrêmement rares. Ca limite nécessairement le développement du judaïsme.
L’islam quant à lui ne s’embarrasse pas avec ça, et comme il est particulièrement coercitif et obscurantiste, et que le monde occidental a tout fait pour qu’il se développe en exploitant outrageusement la pauvreté dans le monde, il galope. Et il est violent, particulièrement envers la liberté d’expression des athées.
Une petite anecdote à ce propos, avant d’en finir avec cette longue plaidoirie. Lorsque j’ai dû obtenir un visa il y a cinq ans pour effectuer une mission de conseil en Arabie Saoudite, j’ai dû remplir un questionnaire avec mention obligatoire de ma religion, via des cases à cocher. Aucune case à cocher pour agnostique ou athéiste. Ces concepts n’existent pas pour l’Etat Wahhabite. Un incroyant chrétien (ce que sont tous les non musulmans aux yeux des musulmans fondamentalistes), ça existe, mais il est impossible d’être incroyant tout court. Après demande d’exemption auprès du Consulat d’Arabie Saoudite, je n’ai pas eu d’autre choix que de cocher Chrétien, sinon on me refusait mon visa. Richard Dawkins, dans « Pour en finir avec Dieu », que je recommande fortement (collection tempus, Ed. Perrin, merci à mon frère Vincent de m’avoir offert ce livre pour Noël), rappelle utilement avec force exemples que dans l’Amérique d’aujourd’hui, il vaut encore mieux être noir ou homosexuel que athée.
En conclusion, si je veux que la France reste un pays laïque et si je pense que cette laïcité qui favorise le développement de l’athéisme est bonne pour mes semblables, à partir du moment où je considère que la religion, et surtout la religion monothéiste, est bien davantage une source de malheur que de bien pour l’homme, je suis pour toutes les lois qui bannissent toutes les formes de manifestation de la puissance coercitive religieuse. Pas d’angélisme œcuménique pour moi, et je n’en suis pas désolé.
Donc, pas de burqa-pitulation pour moi.
PS : en complément, cette tribune de Elisabeth Badinter.