Les Textes de L'Ecrouloir: Point D'orgueBertrand Chauvet, quelque part entre 1984 et 1986 |
Point d'Orgue
A certains moments, ceux parfois de crescendos émergés du silence, la musique maccaparait et mes yeux figés dans le temps nentendaient plus les ruisseaux de ma lecture romantique. A dautres instants, le temps dune incertitude un demi paragraphe me parlait, mais aussitôt lhypnose dun sens voilait lautre dune courte éternité cristalline. Je découvrais leffrayant pouvoir de cette musique, je comprenais quelle savait vous frapper doubli, je savais que son invisible lame de toutes les chaleurs me brûlait les yeux et me glaçait le corps ; couperet dun sombre et froid bleuté, elle condamnait le monde distinct parce quelle me chassait de toutes les parties de moi-même vers la plus profonde dentre elles. Dans cet abîme hors de moi-même, je la connaissais mère de toute ma folie. Puis, soudain je prenais peur car je sentais là cette envie de mort, que sans cesse plus avant je désirais, jusquau point dorgue. Mais toujours, toujours ce corps détesté me lançait ce long fil tissé dune larme ou dun frisson, pour empêcher mon esprit de se refermer sur moi. Et alors, je le haïssais tout haut, je le remerciais sans le lui dire.
Texte suivant
Haut - Top |